3 questions à Eric Franceries | GERTRUDE

« Le trafic urbain évolue, Gertrude anticipe et s’adapte »
Les administrés de la Métropole connaissent cet outil de gestion du trafic routier par son petit nom depuis 1973.

Après un fort développement dans les années 90 et plusieurs succès à l’export, ce système « made in Bordeaux », inventé par Christian Franceries et porté aujourd’hui par son fils Eric*, doit faire face aux nouveaux enjeux d’une mobilité qui veut allier multimodalité et respect de l’environnement.

Gertrude… c’est qui, c’est quoi ?

« C’est d’abord un système né dans les années 70 à la demande des élus de la Communauté Urbaine de Bordeaux qui voulaient améliorer les conditions de circulation dans l’agglomération.
Autrefois, chaque carrefour gérait seul ses propres feux ; la grande avancée de Gertrude a consisté à centraliser des décisions qui, auparavant, étaient disséminées dans toute la CUB.
Ce système de gestion électronique permet d’analyser en temps réel les conditions de trafic et de décider quels ordres envoyer aux feux (Contrôleurs de carrefours)… en une seule seconde !
Actuellement 24 communes de la métropole sont raccordées à cette plateforme, soit 750 carrefours et plus de 10 000 feux.
Mais Gertrude, c’est aussi une entreprise créée en 1981. Les capitaux de cette société anonyme d’économie mixte (SAEM) sont détenus à 65% par des collectivités : 51% par Bordeaux métropole, 7% par Bordeaux, 7% par Mérignac, et le reste est réparti entre des actionnaires complémentaires, comme la chambre de commerce et d’industrie par exemple. »

Comment a été conçu ce pur produit bordelais ?

Dans les années 70, les systèmes allemands et anglais de gestion du trafic étaient les plus performants, mais ils étaient fondés sur l’anticipation des conditions de trafic.
Or, mon père, Christian Franceries, physicien et automaticien au service électromécanique de la CUB, est parti du constat inverse selon lequel le trafic est trop aléatoire pour être prédit.
Avec son équipe, il a donc conçu un outil capable de le mesurer instantanément pour le réguler dans la seconde.
A l’époque, c’était un immense défi, car l’informatique était balbutiante.
Le premier ordinateur à faire tourner Gertrude fut un « Computer Automation ».
Le même modèle que celui ayant servi à créer les effets spéciaux du premier film de la saga Star Wars, si l’on en croit la légende…
Les ingénieurs ont ensuite adapté la technologie de cet ITS (Intelligent Transport System) à d’autres conditions, dans d’autres villes, comme à Lisbonne, avec qui notre entreprise a signé son premier contrat commercial en 1984.
Aujourd’hui, on trouve des clones de Gertrude dans 26 villes, dont 15 en France.
La plupart du temps l’outil est renommé : à Reims, c’est « Rémi », à Dunkerque, « Corsaire » et à Porto, « Siga » qui signifie « Circulez ! » en portugais. »
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Pour la petite histoire…
Le prénom féminin Gertrude a été choisi pour que les Bordelais se l’approprient plus facilement qu’un nom de code sans âme.
Si les premières lettres trouvent rapidement leur sens – « Gestion Electronique de Régulation du Trafic Routier Urbain » -, les communicants de l’époque sèchent sur les deux dernières.
Un matin, Gérard Berlier, journaliste à FR3 Aquitaine, inspiré, appelle son ami Christian Franceries : « j’ai trouvé : le D et le E pour Défiant les Embouteillages ».
Adopté !
Toutefois, depuis 12 ans, les trois dernières lettres de Gertrude cachent un autre sens, plus en phase avec les préoccupations contemporaines d’« Urbanisme », de « Déplacement » et d’« Environnement ».
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Le trafic sur la Métropole s’est considérablement complexifié : quels sont les nouveaux enjeux pour Gertrude ?

« La mission de Gertrude est claire : ce système a été conçu pour identifier rapidement les zones à problème, réguler la circulation en évitant les embouteillages, et donc réduire les temps de parcours. Cette feuille de route n’a pas changé.
Cependant, au fil du temps et des politiques volontaristes, la nature même des centres-villes a évolué.
Le « tout voiture » a laissé place à la multimodalité et les villes se sont ouvertes à d’autres modes de déplacements comme les vélos, les transports en commun, etc.
Le défi pour Gertrude est d’être suffisamment souple afin d’assimiler les nouvelles exigences des collectivités.
Petit à petit, elle a intégré ces données pour laisser davantage de place aux vélos, au tramway et aux lianes +, ces grandes lignes de bus qui structurent l’agglomération.
Le système doit intégrer et analyser un nombre croissant de facteurs : la présence des véhicules de secours, des taxis, des piétons…
Mieux : demain, Gertrude devra poursuivre son développement et être capable de réguler le trafic en tenant compte des indices de pollution atmosphérique et de nuisances sonores, sans oublier les flux de données envoyés en continu par les objets et les véhicules connectés.
Le tout, en un temps record pour le confort, la sécurité des usagers et la performance de la mobilité.

Gertrude aujourd’hui :

32 personnes, dont 23 salariés.
1 siège à Bordeaux, 1 bureau à Montpellier, 1 bureau à Metz et 1 filiale en Algérie.
26 villes équipées dans le monde.
3 millions d’euros de CA.

Il l’a dit « Invest In Bordeaux nous aide à affermir notre présence locale »

« Nos concurrents en France sont des poids lourds comme Thales ou SPIE.
A l’étranger, nous ferraillons contre Siemens, IBM et d’autres… La concurrence est rude.
Gertrude déploie une stratégie qui mêle d’une part, l’accroissement de ses efforts et de ses démarches Export initiées dès 1996 et, d’autre part, le renforcement de sa position en France et au sein du réseau bordelais en particulier.
Invest In Bordeaux nous aide à affermir notre présence sur le marché local. »
Pour mieux connaître Eric Franceries
Directeur général délégué de la société Anonyme d’Economie Mixte « Gertrude SAEM »

  • 50 ans, originaire de Bordeaux. Marié, 2 enfants.
  • Docteur en mathématiques, il enchaîne les postes au sein de Gertrude : thèse de doctorat, ingénieur projet, chef de projet, directeur des opérations, directeur général adjoint puis directeur général délégué depuis 2010.

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